Les discours sur l'Afrique, notamment ceux transposés à travers le prisme du développementalisme, présentent l'analyse de genre comme indispensable au développement économique et politique de l'avenir africain. Conférences, ouvrages, politiques, capitaux, énergie et carrières ont été créés sous son nom. Malgré cela, la pertinence et l'applicabilité du concept à la situation africaine ont été très peu interrogées. Au contraire, le genre fonctionne comme un acquis : il est considéré comme un principe organisateur interculturel. Récemment, certains chercheurs africains ont commencé à s'interroger sur le pouvoir explicatif du genre dans les sociétés africaines. Ce défi est né du désir de produire des concepts ancrés dans la pensée africaine et les réalités quotidiennes. Ces chercheurs espèrent qu'en se concentrant sur une épistémè africaine, ils éviteront toute dépendance aux paradigmes théoriques européens et, par conséquent, éviteront ce que Babalola Olabiyi Yai (1999) a appelé les « universaux douteux » et les « discours intransitifs ».